Du SEO au GEO : chronique (pas toujours linéaire) d’un glissement qui bouscule le web

Pendant vingt ans, on a vécu avec le même réflexe : « Je veux être premier sur Google ». (Avouez : ce petit frisson quand Search Console affichait enfin la position 1 !) Sauf qu’en 2025, l’écran a changé : une synthèse rédigée par une IA occupe désormais le haut de la page, reléguant les fameux « 10 blue links » sous la ligne de flottaison. Résultat : on ne se bat plus seulement pour un clic, on se bat pour une mention. Bienvenue dans l’ère GEO : Generative Engine Optimization. Allons-y par étapes, avec digressions volontaires et quelques parenthèses (parce qu’un article trop lisse, c’est suspect).

Du SEO au GEO : chronique (pas toujours linéaire) d’un glissement qui bouscule le web © BravRez

1998-2019 : l'ère PageRank et consorts

Au début (on parle de l’époque où Yahoo faisait encore de l’ombre à Google), le jeu était clair : mots-clés + backlinks = visibilité. Les guidelines évoluaient : Panda, Penguin, Hummingbird, mais la recette tenait bon : contenu pertinent, liens entrants, un soupçon de technique (et tant pis pour les meta keywords). Le référentiel restait la page web.

(Petite parenthèse nostalgie : qui se souvient d’avoir désindexé, la sueur au front, des milliers de pages tag pour survivre à Panda ? Moi oui.)

2020-2023 : De la sémantique à la réponse enrichie

Puis Google a injecté BERT, MUM, l’algorithme s’est mis à « comprendre » le langage. Les featured snippets, People Also Ask et consorts ont grignoté l’espace. Mais malgré cette mosaïque, le clic restait possible (et mesurable).
En coulisse, déjà, les grands modèles de langage (LLM) affûtaient leur plume. Les référenceurs parlaient d’Answer Engine Optimization (AEO) sans trop savoir si c’était un buzzword ou un vrai virage. Et, soyons honnêtes, beaucoup ont procrastiné : " On verra bien ".

2023-2025 : Quand les IA génératives débarquent dans la SERP

Mai 2024 : Google annonce l’extension mondiale des AI Overviews : plus d’un milliard d’utilisateurs mensuels touchés d’ici fin 2024. En parallèle, Perplexity engrange 159 millions de visites mensuelles en mars 2025 (+204 % sur un an, rien que ça). ChatGPT, Gemini, Copilot… la liste s’allonge.
Conséquence ? Selon le Wall Street Journal, 40 % des recherches se terminent maintenant sans clic : l’info est lue dans la synthèse IA, point barre.

Ici, la bascule sémantique devient structurelle : les IA ne classent pas seulement les pages, elles rédigent en digérant plusieurs sources. Votre objectif ? Faire partie du « panier de contenu » qu’elles consultent.

SEO vs GEO : qu’est-ce qui change (vraiment) ?

  1. La métrique clé passe du ranking à la citation. On ne suit plus seulement des positions, on traque les mentions dans les réponses génératives.
  2. Le maillage externe vaut validation sociale. Les LLM privilégient les domaines… que d’autres domaines jugent crédibles. Ça ressemble à du PageRank, mais à l’échelle « conscience collective » du web.
  3. Le format devient aussi important que le fond. Listes numérotées, tableaux, schémas JSON-LD : autant de blocs facilement extrayables par un modèle. (Oui, un paragraphe littéraire de 2 000 signes peut devenir invisible.)
  4. La fraîcheur pèse lourd. Perplexity ré-indexe très vite, Gemini mixe actualités, blogs et rapports pro, ChatGPT reste plus conservateur. Adapter le tempo éditorial est donc vital.

Ce que révèle l’étude '8 000 citations' (B2B vs B2C)

Search Engine Land a disséqué 8 000 références issues de ChatGPT, Gemini et Perplexity :
  • B2C : médias grand public, forums, Wikipédia dominent. Les IA aiment le mélange « expertise + avis populaires ».
  • B2B : priorité aux livres blancs, rapports, blogs d’entreprise spécialisés. Le couple autorité + données chiffrées l’emporte.
    Surprise (ou pas) : les sites purement transactionnels sont quasi absents, surtout sur ChatGPT. Moralité : devenir un mini-média avant de vendre n’a jamais été aussi pertinent.


(Digression rapide : certains crient déjà à la « mort du site e-commerce ». N’exagérons rien, simplement, la top-funnel awareness se jouera ailleurs, et plustôt, dans le parcours utilisateur.)

Road-map GEO 2025 : 7 réflexes à adopter

(Spoiler : on ne jette pas la boîte à outils SEO, on l’upgrade.)
  1. Baliser pour l’extraction : FAQ schema.org, listes claires, paragraphes courts. Pensez « copier-coller instantané » pour un LLM.
  2. Gonfler vos signaux EEAT : auteur identifié, mise à jour datée, sources citées (même internes !).
  3. Gagner des mentions tierces : fiches Wikipédia, interviews podcast, tribunes presse : tout backlink n’est pas égal, privilégiez ceux que les IA crawlent souvent.
  4. Surveiller vos citations IA : commandes " source:[votredomaine] " dans Perplexity, requêtes tests dans ChatGPT Browse, alertes via des outils tierce. (Oui, c’est artisanal, pour l’instant.)
  5. Publier plus, mais mieux : cadence soutenue + profondeur. Les modèles aiment les contenus longs (1 500 – 2 000 mots), mais structurés.
  6. Optimiser performance & accessibilité : un site lent, c’est un budget crawl IA gaspillé.
  7. Tester le multimodal : images légendées, schémas, voire datasets téléchargeables, tout ce qui peut servir de « matière première » à une réponse riche.

Conclusion : et après ? (Zéro clic, zéro confiance ?)

Demain, l’enjeu ne sera peut-être plus d’être cliqué, mais d’être cru. Dans un monde de réponses instantanées, la confiance devient la vraie monnaie. (Avouez que ça donne presque envie de ressortir une newsletter old-school pour garder le lien direct !)
En attendant, GEO n’est pas le décès du SEO, c’est son extension naturelle. Ceux qui maîtrisent déjà la technique, le contenu et la popularité ont une longueur d’avance… à condition de parler le langage des machines qui nous résument.

(Allez, digression finale : dans deux ans on discutera peut-être de ZEO : Zero-Trust Engine Optimization, où le but sera de figurer dans les discussions privées des agents IA personnels. Mais, chut, gardons-nous un sujet pour un prochain billet.)

À retenir : PageRank n’est pas mort, il a juste appris à raconter des histoires. À nous d’en devenir les personnages principaux.

Sources :
  • https://searchengineland.com/how-to-get-cited-by-ai-seo-insights-from-8000-ai-citations-455284
  • https://blog.google/products/search/ai-overviews-search-october-2024/
  • https://explodingtopics.com/blog/perplexity-ai-stats
  • https://www.wsj.com/articles/ai-has-upended-the-search-game-marketers-are-scrambling-to-catch-up-84264b34